| Et puis tu te dis qu'au fond, celui qui n'a jamais rien tenté n'avancera jamais... Du coup tu fais les yeux doux et même si parfois ça fonctionne, des fois tu ramasses un échec cuisant.|
« Maman, maman, viens voir vite ! » « Oui oui deux minutes, j’arrive ! » Beth trépignait d’impatience, mais qu’est-ce que sa mère pouvait bien faire d’aussi intéressant sur l’ordinateur alors qu’elle avait quelque chose d’ultra important à lui dire ? A tous justes quatorze ans, elle rentrait de chez une amie avec qui elle avait passé une bonne heure à étudier à la fin de sa journée de cours, amie qui était aussi l’une de ses voisines. « Mais maman c’est super urgent, une question de vie ou de mort, crois-moi ! » Cora arrivait en courant, prenant les dires de sa fille très au sérieux. Est-ce que Beth avait un peu accentué la chose pour attirer l’attention de sa chère mère qui l’avait fait attendre trente secondes avant d’arriver à sa rescousse ? Oui probablement, mais pour toute défense, disons que c’était pour la bonne cause. Arrivée dans l’entrée, la jeune maman resta scotchée sur place, les yeux et la bouche grands ouverts, dans l’incapacité de parler… Ou presque… « Je… Tu… Mais ça va pas la tête ? T’es complètement folle ? Qu’est-ce que tu fais avec ça dans l’appartement ? » Beth se trouvait dans l’entrée, tenant à ses côtés un gigantesque toutou, du genre poney avec une tête de chien, noir et blanc, l’air tout pénaux et surtout avec les pattes gadoueuses à souhait, sinon cela enlèverait tout l’aspect comique de la scène, c’est évident. Beth croisa les bras, faisant une petite moue vexée alors que le chien s’asseyait à ses côtés comme un animal bien dressé. La jeune adolescente reprit alors la parole, visiblement déçue face à la réaction, prévisible certes, de sa mère. « Déjà d’une ce n’est pas un objet mais ce qu’on appelle un chien ! Je sais que tu n’es pas une fervente amie des animaux mais tu vois les bestioles dans les 101 dalmatiens ? Ben en fait c’est pareil… En plus gros… Et plus sale… Bref… » Elle caressa son nouveau compagnon avant de se tourner à nouveau vers sa mère : « Ce pauvre animal sans défenses, je viens de le retrouver tout seul dehors au froid, je suis sûre qu’il n’a pas de foyer et puis regarde, il est tout maigre et en plus il est blessé à la patte… » « Tout maigre , tu plaisantes ? Il fait au moins soixante kilos ! » « Oui mais… Enfin… On peut l’adopter ? S’il-te-plaît maman, promis je m’en occuperai, je le sortirai, je lui donnerai à manger, et puis je le laverai aussi ! » « Non non, tu sais très bien que c’est hors de question, va remettre cette animal où tu l’as trouvé avant qu’il ne saccage l’appartement. » Beth tentait une ultime petite moue avec un regard de chien battu (ça tombait bien d'ailleurs), l'air particulièrement triste comme une enfant qui vivrait dans la rue sans à manger ni à boire avant d'ajouter un léger : « S’il-te-plaît maman chérie… » Cora soupirait légèrement, difficile de devoir être si formelle devant la bouille triste de sa fille, mais pourtant… « Non Beth, tu sais que ce n’est pas raisonnable… » La jeune adolescente souffla avant de hocher la tête, sachant que sa mère avait raison, même si il était très difficile pour elle de se l’avouer. « Bon d’accord mais est-ce qu’on peut au moins l’amener au refuge ? Et j’aimerais juste le soigner rapidement avant, sinon ça va s’infecter… » Ce fut chose faite, après avoir soigneusement désinfecté la patte du chien et lui avoir posé un bandage, son oncle Milan l’avait emmené déposer le chien dans un refuge pour animaux abandonnés. En voyant le déchirement qu’avait ressenti la jeune fille après s’être séparée de son compagnon, on lui avait promis de lui donner des nouvelles quant à sa future adoption. Quelques jours plus tard, elle avait reçu un coup de téléphone lui annonçant que le chien était en pleine santé et venait d’être adopté par une nouvelle famille. Laissant son côté tête de mule prendre le dessus, Beth avait longuement insisté pour avoir le numéro de téléphone de ses nouveaux maîtres et c’est ainsi qu’elle arriva à ses fins et qu’elle devint même amie avec eux. Grâce à cela, elle put aller leur rendre visite quand elle le voulait et même s’occuper du toutou pendant leur absence. C’était ce genre d’évènements qui avait fait en sorte qu’elle avait très tôt su quel métier elle voudrait faire plus tard : vétérinaire, s’occuper de petites boules de poils, cela avait toujours été son dada.