w/ coltrane

Postée devant mon miroir, je ne savais pas quoi me mettre pour aller boire un verre ce soir avec Cole. Je n’avais absolument pas le traque, ni ce besoin de lui en mettre plein la vue, mais je voulais tout de même ne pas enfiler un jean et un Tshirt. Je préférais faire un effort vestimentaire tout de même. La température extérieure ne m’aidait pas dans mes choix d’ailleurs… J’enfilais alors un pantalon moulant noir – parfait pour un café rock – ainsi qu’un top évasé beige. Pour les chaussures, j’avoue que les talons n’étaient pas très confortables mais qu’importe. [ voir ici ]
Je n’étais pas du genre à me maquiller énormément, une touche de mascara suffisait avec une pointe de rouge à lèvres. Je pris ensuite les clefs de ma voiture, et me mis en chemin. Dans la voiture, j’imaginais mon interlocuteur. Je le voyais grand et musclé, le genre de mec avec qui on se sent protéger et à qui on a envie de dire « plaque-moi contre le mur ! » Bon ok, j’exagère mais juste un peu. En arrivant au café, j’étais un peu en avance. Je m’avançais alors vers le bar, et saluais le serveur d’un sourire. Les bras posés sur le bar, j’attendais sagement que mon rendez-vous arrive en espérant qu’il ne me laisserait pas en plan. Je n’étais pas du genre patiente, mais j’allais faire un effort ce soir et l’attendre. La porte s’ouvrit et je le reconnu de suite. Son visage était identique à la photo de son profil et je dois dire que ce gars devait en faire craquer plus d’unes. Un sourire aux lèvres, je m’approchais alors de lui. « Bonsoir, ta boussole à finalement trouver bravo. » Lançais-je avec humour. Bon ok, je n’avais rien trouvé de mieux…

GAIA & COLE.

J'éteignais mon ordinateur, ne me faisant pas vraiment à l'idée que ce soir allait être mon premier "rendez-vous", rencontre avec un membre du site jecherchequelquun.com. Je pris quelques notes sur mon calepin, avant de partir prendre une bonne douche. Avais-je des remords d'étudier des comportements humains ainsi ? Comme je restais humain et agissais avec conscience, je ne les prenais pas pour des cobayes, juste de fascinants êtres, à travers une quête qui est restée la même malgré toutes les époques : celle de l'amour, le vrai, le seul et l'unique. Cela faisait partie des modes occidentales, des moeurs presque -cela ne saurait tarder. J'hésitais même à me créer un faux profil féminin, pour étudier les hommes. Enfin, je me doutais bien que les procédés étaient les mêmes et il ne fallait pas abuser. L'eau s'écoulait sur mon corps, brûlant et détendant chaque muscle. J'espérais ne pas tomber sur un faux profil. Imaginons un peu, un homme de quatre-vingts ans, violeur en série ou on ne sait quoi d'autre. Cela était déjà arrivé, pas personnellement, mais cela existait. Oui car l'étude ne consistait pas seulement sur la pratique, il y avait aussi tout l'aspect théorique, des thèses de confrères, des reportages et tout ce qui s'en suit. Je me préparais alors, ayant fait quelques recherches sur ce John's Coffee. Un endroit rock et apprécié. Serviette autour de la taille, je ne voulais pas faire mauvaise impression. Mon coeur battait de façon normale, il n'y avait aucune appréhension. Je n'en avais plus, même le jour de mon entretien avec le doyen de l'université de San Francisco, je fus étonnement calme. Je mis un peu d'ordre à ma barbe, pour ne pas trop effrayé la jeune femme qui répondait au doux prénom de Gaia. Je mis une chemise blanche ample légèrement entrouverte, un pantalon cigarette noir et une veste. Je fis l'effort d’être plus que présentable, je n'en faisais pas autant pour l'université et mes étudiants. Enfin, je n'étais pas non plus avec un baluchon et un pantalon troué avec une allure de vieux vagabond. Non, mais je savais que c'était par les apparences que les gens se faisaient leur opinion, alors je préférais créer une barrière supplémentaire, une sorte de sélection naturelle. Alors que pas du tout, je n'avais décidé de la raser uniquement lorsque je serais enfin posé quelque part durablement. J'avais désormais un quart d'heure pour arriver au fameux bar désormais, je me garai non loin du lieu, près d'une magnifique Audi. Je la regardais puis jetais un coup d'oeil à ma montre, il me restait cinq minutes pour arriver. Je me mis à presser le pas, faisant quelques enjambées. J'aimais arriver à l'heure, ni en avance et encore moins en retard. Poussant la porte, j'essayais de repérer la jolie brune et finalement, ce fut elle qui arriva à moi. -« Wow... Je veux dire, bonsoir. Ma boussole m'a mené droit à toi, j'ai même pas utilisé de carte. » J'échappais un léger rire à sa phrase, lui donnant mon bras ainsi qu'un sourire. « Tu m'attends depuis pas très longtemps j'espère ? » Je nous dirigeais vers un de ces canapés, légèrement en retrait mais qui nous laissait tout le loisir de profiter de cette soirée qui s'annonçait délicieuse.

Je connaissais très bien ce bar, notamment le serveur du samedi soir. Heureusement pour moi et mes chances de séductions, il n’était pas là ce soir. Ce con aurait été capable de me renverser ma commande à la figure étant donné que j’étais sortie avec lui et lui avait ensuite briser le cœur. J’étais au lycée alors j’estime que désormais il y’avait prescription et que il n’y avait pas de quoi en faire toute une histoire. Je regardais mes doigts, chose que je faisais assez souvent lorsque je me mettais à réfléchir ou lorsque j’attendais, et fut heureuse de constater que mon rencard de ce soir était du genre ponctuel. Il était 20h05, donc j’estimais qu’il était totalement à l’heure. D’ailleurs, j’étais plutôt contente de moi car j’avais été moi-même en avance et croyez moi ce genre de truc n’arrive pas souvent. Cole lâcha un léger rire en entendant ma remarque et je souris en écoutant la sienne. « Oh et bien, toutes mes félicitations ! » Lançais-je d’un air amusé. Toujours aussi flatteur, même sans son écran… J’adorais ça. J’attrapais alors son bras qui me conduisait ensuite vers une table un peu plus en retrait, où nous serions plus à l’aise pour discuter. « J’ai eu le temps de boire seulement trois verres ne t’en fais pas ! » Je marquais un temps d’arrêt avant de rire. « Non je rigole, je viens tout juste d’arriver. Et puis je suis garée à côté donc j'ai gagné cinq bonnes minutes. » Terminais-je par dire, tout en prenant place à ses côtés sur l’un des canapés confortables. Je regardais alors le jeune homme, subjuguée par son regard enchanteur. Il était encore plus craquant que sur sa photo certes, mais il avait un certain charme en plus. Peut être la barbe de Robinson ? Je ne sais pas, quoi qu’il en soit, je ne pouvais m’empêcher de sourire. « J’appréhendais un peu le fait que tu pouvais être un psychopathe ou un gros geek assoiffé de chair féminine qui utilise une fausse photo. Mais je suis heureuse de voir que tu es comme sur ta photo : très charmant. » Confiais-je, consciente que j’étais peut être légèrement trop directe. Mais j’étais comme ça que voulez vous.

GAIA & COLE.

Ici depuis juillet, mon poste n'avait pris effet qu'à la mi-septembre. J'avais donc eu plus de deux mois pour apprendre à connaitre cette ville et pourtant, ce n'était pas vraiment le cas. Le temps de déménager, de me familiariser avec le quartier, retrouver quelques proches et emprunter le chemin jusqu'à l'université, octobre pointait déjà le bout de son nez. Je ne connaissais pas ce bar et pourtant, j'avais la sensation de louper quelque chose. L'ambiance était assez sympathique, le cadre très plaisant. Peut-être était-ce parce que je devais y voir Gaia ? Cela devait très surement aider à l'appréciation de ce lieu. Etre en retard au premier rendez-vous enfin, à la première rencontre, ce n'était pas très adroit, c'était même grossier. La première impression, dans ce que l'Homme disait, décidait de tout -ou presque. Elle était plus ou moins décisive et si le physique ne faisait pas tout -heureusement, l'attitude y était pour beaucoup. Je ne voulais pas passer pour un rustre ermite complètement impoli ou malpoli. Toutes ces questions... Les joies des comportements humains. J'avais beau les avoir étudiés et continuer à le faire, je ne pouvais y échapper. Personne ne le pouvait. Même feindre ne rien ressentir était une attitude qui en révélant tout autant, si ce n'était pas plus. Par contre, prendre du recul, quitte à paraître inaccessible et ne presque rien révéler sur soi, voilà une toute autre attitude. J'étais ci pour faire connaissance, et je détestais parler ouvertement de moi, nous allions donc jouer enfin, si la jolie jeune femme le voulait bien. Je fus rassuré qu'elle n'ait pas utilisé de fausse photo de profil et bon sang, son sourire était tout simplement magnifique. Je me mis à rire à nouveau à sa remarque, faisant un signe de tête en guise de remerciement. Elle avait de la répartie et de l'humour, tout ce que j'aimais. Mes sourcils se froncèrent puis un s'arqua, je me demandais si elle avait réellement eu le temps de boire trois verres en mon absence. Je n'eus pas le temps de me poser plus de question que la jolie brune me rassura. -« Tu as de l'humour, j'aime bien. Je suis sur que les trois verres, tu les tiens pas... » Je lui offris un sourire et un regard taquins, tandis que nous avancions vers ce canapé. Je m'assis en deux temps -comme d'habitude, observant la jeune femme. Son regard donnait l'envie de s'y perdre et son sourire, c'était probablement son arme la plus dévastatrice. Nous nous installâmes, je déboutonnais le seul bouton de ma veste, toujours regardant la jolie brune. Ses mots m'amusèrent avant de me faire rougir légèrement. -« Peut-être que je suis un geek psychopathe qui cache bien son jeu pour satisfaire sa soif de "chair féminine" ? Peut-être que tu es ma proie... Non, je suis juste prof d'université. » Un léger sourire se dessina sur mes lèvres, je m'étais rapproché légèrement d'elle, suffisamment pour pouvoir parler sans hausser la voix et pas de trop pour ne pas l'intimider. « Je dois avouer que tu n'es pas mal non plus. En fait, tu es mieux que sur ta photo, en plus de l'image, il y a le son et c'est très plaisant » Un serveur vint à nous, armé de son carnet et de son stylo. J'observais la jeune femme. « Qu'est ce qui te ferait plaisir ? Laisse-moi t'inviter. »

J’avais la chance d’habiter ici depuis mon enfance, donc autant dire que je connaissais les moindres secrets que cette ville pouvait cacher, et que je savais quels endroits étaient biens voir même parfait pour un rencard. Ce bar était un lieu dans lequel j’avais l’habitude de venir, avec des amis ou autres et je connaissais même le patron depuis quelques années. Disons que nous avions un deal tous les deux, que je cacherais pour le moment à mon nouveau compagnon de soirée. Le jeune homme rétorqua qu’il n’était pas sûr que je puisse tenir avec trois verres dans le sang, chose à quoi j’esquissais un sourire. Je tenais très bien l’alcool, et trois malheureux verres ne me faisaient pas peur. Cole était un homme qui donnait cette impression d’être à la fois mystérieux et drôle, et j’étais très curieuse d’en savoir un peu plus sur lui. En l’entendant rebondir sur ma remarque du geek, un rire m’échappa de nouveau. Bien joué, sa répartie était égale à la mienne et il n’avait pas totalement tord. Après tout, les apparences peuvent parfois être trompeuses n’est-ce pas. Et pour cause, il m’avoua ensuite qu’il était prof à l’université. Tiens donc, chose que je n’aurai jamais imaginer. Non moi je le voyais plutôt patron d’une entreprise ou bien pompier. Allez savoir pourquoi… « Tiens donc, professeur hein ? Et bien, je dois dire que je ne l’aurai jamais cru. » Répondis-je en souriant. J’avoue que j’en avais connu des profs et Cole était loin d’en avoir l’apparence. Il sourit ensuite à mon compliment et en profita pour me le retourner. Je sentis mes joues rosirent légèrement. « Et bien merci, je vois qu’en plus d’être séduisant tu sais parler aux femmes. » Lançais-je à mon tour en souriant. Le serveur arriva ensuite et Cole proposa de prendre commande et de m’inviter. J’en profitais alors pour répondre à sa remarque de tout à l’heure. « Un mojito. » Commençais-je par dire, en laissant ensuite le jeune homme parler. Le serveur tourna ensuite les talons, et je repris de nouveau la parole. « Je t’invite pour le prochain, je vais te prouver que je peux facilement tenir avec trois verres dans le sang. » Terminais-je, en arquant un sourcil l’air sûr de moi. J’avais pris ça un peu comme un défi…

GAIA & COLE.

Gaia avait l'air à son aise dans ce bar, comme si cette dernière était une habituée de cette endroit et même de cette ville. Je ne la connaissais pas, mais cette forme d'assurance m'envahissait. C'était comme si j'étais sur son terrain de jeu ici, qu'elle connaissait toutes les subtilités du lieu, et de la ville en général. C'était admirable et j'avais du mal à me rendre compte que c'était bien elle. Comment est-ce qu'une fille aussi charmante, belle et souriante pouvait s’être inscrite sur un site de rencontre par internet ? Il y avait bien un problème dans la société actuelle ou alors était-ce seulement sa mutation ? Il est vrai qu'il est bien plus facile de séduire derrière un écran, il y a comme un filet de sécurité, comme la sensation d’être hors de portée. Les hommes osaient aborder ouvertement les femmes et inversement, il n'y avait plus de tabous, moins de codes sociaux et donc d'obstacles à la communication, un comble lorsqu'on sait qu'avec internet, on peut se retrouver à mille lieux les uns des autres. Mais cela restait de la communication. Honnêtement, je préférais partager une soirée avec une personne comme Gaia plutôt que derrière mon ordinateur à draguer ou flirter pour m'assurer de quelque chose et me prouver quelque chose. Je ne veux pas dire par là que je suis sur de moi, que je déborde de confiance. C'est plus quelque chose du style : j'ai vingt-huit ans, je m'assume du mieux possible et tant pis si je me trompe, on a toute une vie pour apprendre. C'est pourquoi est-ce qu'en plus d’être professeur, je suis aussi chercheur. Mais cela, il n'est nul besoin de le dire. -[color=steelblue]« Laisse moi deviner... Tu me voyais plus bûcheron ? » Je passais ma main dans ma barbe en la regardant d'un air très curieux. Je ne tardais pas à rire. « Et de ton coté "mademoiselle" » Je l'avais prononcé en français, avec un accent marqué mais tout à fait compréhensible. Elle m'avait dit être allée en France, non ? Je continuais à sourire à ses remarques. J'étais un vrai boulet avec les femmes d'habitude, il faut croire que ces deux années à parcourir le monde m'ont rendu moins nerveux à l'approche de la gente féminine. -« Je fais mon boulot de geek psychopathe, je suis en pleine chasse, c'est normal que je sache parler aux femmes voyons... Qu'est-ce qu'un chasseur sans fusil ? » Je bombais le torse et gonflais mes biceps, prenant presque une pose héroïque devant elle. Le serveur vint à notre bord, la jolie brune passa commande. Un mojito ? Bon choix, elle avait du gout, encore une fois. -« Une bière s'il vous plait. » Il prit quelques notes et s'en alla aussitôt . Quelques instants plus tard, il revint avec nos consommations. Le prochain ? Mon sourcil s'arqua et je manquais de m'étouffer. -« Le prochain... rendez-vous ? Peut-être qu'avec quatre, tu rouleras sous la table... Non, tu es une femme, une vraie, ça me plait !» Je lui tendis alors mon verre pour que nous trinquions, à nous, à cette superbe soirée en perspective.

Je n’étais pas du genre à cataloguer une personne selon son physique, donc je ne l’imaginais absolument pas bucheron. Toutefois, sa remarque me fit sourire. « Non, plutôt pompier, flic ou encore agent secret. » Dis-je avec sincérité. Sa manière de parler me faisait beaucoup rire, notamment lorsqu’il se lança dans une petite expression française. Cet accent était très craquant, et je dois dire que ça me changeait pas mal. Cole était un bel homme, et il devait être intelligent en vue de son métier. Tout pour plaire aux filles quoi… J’étais loin d’avoir un métier aussi passionnant que le sien, d’ailleurs mon métier pouvait paraître un peu superficiel pour certains mais je l’adorais. Je rêvais d’ailleurs d’exercer au Bel agio de Vegas, comme dans la série. « Il faut que je t’avoue que j’ai mentis sur mon métier dans mon profil… Je suis en réalité hôtesse au casino. » Je lançais un sourire histoire de faire passer la chose, et espérait qu’il ne me jugerait pas par rapport à ça. Si j’avais mentis, c’était uniquement pour ne pas tout révéler sur un site internet, rien de plus. En le voyant ensuite bomber le torse et me faire son numéro d’homme viril, je ne pu m’empêcher d’éclater de rire. En toute gentillesse bien entendue, cela n’avait rien de moqueur. « Je dois dire que tu viens de me surprendre avec l’accent français mais là, le coup du chasseur sans son fusil… Tu peux le refaire que je touche des biceps pour vérifier ? » Je le taquinais, chose que je faisais assez souvent lorsqu’une personne me plaisait ou que j’appréciais sa compagnie. Le serveur prit ensuite notre commande, et en entendant mon camarade de soirée opter pour une bière, un sourire se dessina sur mon visage. Petit joueur… Il manqua ensuite de s’étouffer avec cette même bière, et continuais à me défier tout en me proposant de trinquer. « Il est bien évident que je ne parlais pas de rencard mais de verre. A la tienne, et à cette jolie rencontre. » M’exclamais-je, de nouveau en souriant. Je le regardais alors droit dans les yeux, habitude que j’avais lorsque je trinquais avec quelqu’un. « Tu tiens si mal l’alcool pour prendre une bière, ou c’était pour m’impressionner ? » Demandais-je, toujours une pointe taquine.

GAIA & COLE.

Cette soirée était tout simplement délicieuse. Je n'aurais cru pouvoir prendre autant de plaisir, avec une personne connue de façon "virtuelle". A la base, ce n'était qu'une simple étude sur la société occidentale actuelle et voilà que je me prenais volontiers au jeu. Autant rejoindre l'utile à l'agréable, non ? Je trouvais l'Homme fascinant, capable du bien comme du pire et avec des codes tous aussi complexes les uns que les autres. Ainsi, le risque de mentir sur une profession, l'age, ou son physique en révélait beaucoup. Il y avait ceux qui ne préféraient pas trop en révéler, pour garder une dose de mystère, ce qui était tout à fait respectable et puis il y avait les menteurs et les tricheurs, ceux qui utilisent la fourberie pour pouvoir se repaître du spectacle, de la déception des autres, et cela était complètement malsain. Gaia n'avait pas l'air de mentir par plaisir, mais plutôt pour l'entretien du mystère, de la pasión. Je lui offris un sourire se voulant rassurant avant de prendre un air grave. -« Pour tout te dire... Je ne m'appelle pas Cole, ce n'est qu'un diminutif... Rigole pas, c'est Coltrane. » Comme le musicien de jazz ou un des chats dans les Simpsons. Puisque nous en étions aux confidences, autant que cela aille dans les deux sens, aussi frivoles soient-elles. Je gardais mon air sérieux un moment, avant de me mettre à rire. Elle me rendait complètement béat avec son sourire et son regard envoûtant. C'était une femme mystérieuse mais accessible, dans le sens où elle me donnait l'occasion de boire un verre avec elle et de rire, c'était si simple, j'en étais ravi. Mais c'était tellement compliqué de ne pas penser, je ne pouvais m’empêcher de tout analyser, Gaia comme les autres aussi, je guettais la migraine. « Je crois que t'es une très bonne raison de mettre les pieds dans un casino, ça doit etre un métier intéressant, avec plein d'anecdotes et de cas, ça prendrait presque des airs de sociologie... » Et puis, elle me demanda de refaire mon numéro de l'homme viril, la danse de la séduction pour certains, juste une sorte de gag pour ma part. Je ne me prenais jamais au sérieux, du moins, en dehors des heures de travail. Il fallait bien pour ne pas finir ermite ou moine. -« Hm on touche pas mon biceps comme ça... Tu comprends, c'est intime... » Le serveur arriva, un mojito pour la demoiselle et une bière pour moi. Je ne savais pas vraiment ce qu'ils pouvaient servir, une bière, il y en avait partout. Je lui fis un clin d'oeil, portant mon verre au sien. -« A la notre, Gaia et aux joies d'internet qui deviennent réelles. » Son regard dans le mien, je pouvais m'y perdre. Pourquoi était-elle célibataire ou inscrite sur un site de rencontre ? Ces questions me brûlaient les lèvres, au point que j'arrivais à m'en mordre une. Je pris une longue gorgée de cette bière, qui n'était pas si mauvaise. Je me mis à sourire à sa remarque. -« Joker ? Je dirais pour t'impressionner mais je doute qu'une simple bière te fasse cet effet-là, je me trompe ? » Je continuais à la regarder, sourire taquin et joueur en coin.