UNIVERSITE DE SAN FRANCISCO - 2006
Quand j’étais enfant, j’avais tout pour être la petite fille modèle. De parents adorables mais également un frère jumeau avec lequel je pourrais m’entendre à merveille. Mais tout ne se passa pas comme prévu malheureusement. Très vite, mes parents ont voulu d’autres enfants et mon statut de petite fille chérie a été troqué contre celui de grande sœur modèle et je dois vous dire que je détestais complètement ça. J’avais cinq-six ans quand notre sœur est née, et j’ai vu mes parents devenir gaga, vous savez comme ces gens à la télévision de qui on aime se moquer. Elle était devenue la prunelle de leurs yeux, et moi je n’étais plus rien. Il n’y avait plus ces étoiles dans leurs yeux quand je ramenais une bonne note, ou quand je faisais la vaisselle pour aider ma mère… Plus rien. Je cherchais du réconfort auprès de mon frère qui été censé me comprendre, mais de ce côté-là aussi les choses avaient changé. A croire que dans cette foutue baraque, tout le monde n’avait plus que le prénom de cette petite sœur à la bouche. C’est comme ça que je suis devenue une enfant rebelle : en primaire je répondais à ma maîtresse, je mettais de la colle sur les chaises, j’écoutais de la musique à fond dans ma chambre, je m’habillais comme une gothique, je crachais et jouais au foot, je fumais, je buvais bref je filais un très mauvais coton et personne ne semblait pouvoir me stopper. Peut être qu’à cette période j’attendais simplement un mot doux de mes parents ou de mon frère, mais je n’ai vraiment pas géré au niveau de ma manière de faire qui n’a fait qu’empirer les choses. Malgré mon comportement, j’arrivai à obtenir de bonnes notes à l’école et j’obtenu ensuite mon diplôme à l’université. Bien entendu, mon frère eut plus de mérite que moi car il m’arrivait de lui piquer quelques tuyaux pour mes examens. Ne lui dites pas, il pourrait me tuer. Bref, le jour de la cérémonie de remise des diplômes, mes parents me félicitèrent par politesse je pense et passèrent ensuite l’après midi à vanter les éloges de leur fiston adoré. Enragée et terriblement attristée, ce fut la goûte d’eau qui fit déborder le vase et je me souviendrais toujours des choses horribles que je leur fis subir à ce moment là. Leur fierté se transforma vite en honte car devant une tonne de personne je fis mon petit numéro. Je sortais avec certain Victor Roseburry, un footballeur à la réputation pas très sympathique, qui avait fait pas mal de crasses de son côté aussi notamment aux gens de mon quartier qu’il qualifiait de bourgeois. Je me rappellerai toute ma vie la tête de ma mère et celle de mon père lorsque j’embrassai à pleine bouche mon prétendant. « Bonne vie sans moi, je me casse de cette ville pourrie ! Ne comptez pas sur moi pour les cartes postales surtout ! » Dis-je d’un sourire narquois tout en enfourchant la moto de Victor. Sous le choc, ils n’eurent rien à dire. Je venais de briser le lien qui m’unissait à ma famille, et j’allais certainement vite le regretter. Bien entendu, je n'avais pas été assez courageuse pour quitter la ville, mais ne leur dites pas.

---

APPARTEMENT DE GAIA - 2011
« J’ai rencard avec un mec ce soir, et je ne sais pas quoi mettre ! Aides moi, pitiéééé !! » Lançais-je pratiquement en suppliant mon meilleur ami de m’aider à choisir entre deux robes totalement similaires. L’une était noire, avec des sortes d’épaulettes en strass. L’autre plutôt classe, noire en dentelle avec des manches transparentes. A vrai dire, je n’aimais aucunes des deux et me connaissant j’allais en choisir une complètement différente une fois qu’il m’aura donné son avis. Mais j’aimais l’embêter, c’était plus fort que moi. « Bon, tu vas arrêter de faire la gueule là, qu'est-ce que tu as ?! » Je n'avais pas l'habitude de le voir dans cet état, et je dois dire que son visage m’inquiétait de plus en plus. On aurait dit un zombi, ou bien quelqu'un qui avait vu un fantôme. Je pris place sur le canapé, et posais alors ma main sur sa jambe afin de lui montrer que malgré le rencard, j'étais prête à l'écouter. « Gaia, je crois que tu vas devoir annuler. » Commença-t-il par dire. Mon cœur battait ultra vite, et je n’aimais pas ce genre de situation. Que voulait-il me dire à la fin ! Je n’étais pas patiente, alors je commençais à me poser de nombreuses questions. Je remarquais ensuite une larme le long de ses joues. Et merde, ça avait l’air plutôt grave. « Il… Il a eut un accident de voiture et il… il est mort Gaia. Je suis sincèrement désolé, je ne voulais pas te le dire comme ça. » Sur ces mots, je perdis le contrôle de mes émotions. Je me levais alors, cherchant un appui contre le mur avant de fondre en larmes. Je ne sais pas si à ce moment là mes larmes étaient des larmes de tristesse ou de colère. Je perdis tous mes moyens et me laissais alors glisser sur le sol de mon appartement. Comment mon frère avait-il pu m’abandonner aussi rapidement ? J’étais dévastée, et j’avais envie de taper tout ce qui me tomber sous la main. La tête posée contre mes genoux, je pleurais toutes les larmes de mon corps. Mon frère était tout ce que j’avais ici depuis la grande dispute avec mes parents, et pourtant je n’avais jamais eu l’occasion de lui prouver. J’avais le cœur en miettes et comme une impression d’avoir perdu une partie de moi… Désormais, ma vie allait être différente et plus jamais je ne perdrais une occasion de profiter à fond du moment et des gens qui me sont chers.

---

APPARTEMENT DE GAIA - 2012
En rentrant du boulot, je n’avais qu’une seule envie : me détendre. Un bon cappuccino dans une main, mon clavier dans l’autre j’étais prête pour affronter le monde virtuel. Et pas des moindres. Je m’amusais sur le site http://jecherchequelquun.com depuis quelques mois et je dois dire que ce n’était absolument pas déplaisant. Bon bien sûr, ce que je n’avais pas dis à mon meilleur ami, c’est qu’au niveau de mon profil je n’avais pas totalement dis la vérité, donc autant dire que les gars avec qui je discutais ne savait rien de moi. Mais loin de moi l’idée de mentir sur mon âge, mon tour de poitrine ou autre. Non, je faisais ça tout simplement pour créer ce sentiment de surprise qui nous envahi lorsque l’on rencontre l’autre. Surtout que j’avais inventé seulement les informations, au niveau de la photo il s’agissait bel et bien de ma tête. Et sans Photoshop s’il vous plait. Je vagabondais de profil en profil, en espérant peut être tombé sur THE bombe, quand son nom s’afficha en bas de mon écran. Il était là, le gars qui me faisait craquer depuis quelques jours et avec qui le courant passait plutôt bien. Pour lui, j’étais écrivain passionnée également par la photographie, ce qui en soit n’est pas non plus totalement faux à quelques détails près. Je voulais simplement protéger un tout petit peu ma vie privée en évitant de crier sur tous les toits que je suis hôtesse au casino et que j’habite à telle adresse. Je préférais laisser planer le mystère un peu, il n’y a rien de mal à ça. Son pseudo était « Mellow Mood » en référence à la chanson de Bob Marley, et niveau photo monsieur ne se gênait pas pour montrer ses beaux muscles si vous voyez ce que je veux dire. Ce que j’adorais chez lui ? Sa façon d’écrire, tel un poète. Cela peut paraitre un peu débile je vous l’accorde, mais croyez moi sa plume vous donnait simplement envie de lui répondre : vient donc m’écrire sur le corps ! Je vous jure, il avait un petit côté sexy derrière cet écran, et je dois dire que sa compagnie était loin d’être déplaisante. J’en arrivais presque à en oublier la mort de mon frère, et ça ce n’était pas négligeable.