« Madame Dearly ? » Cora leva les yeux de son portable pour les poser sur l’adolescente qui lui faisait face. Toute maigrichonne et surtout un peu pâlotte, la jeune femme se dandinait nerveusement sur ses deux jambes. « Entre Amber. » Du regard, elle lui désigna la chaise face à son bureau avant de ranger son téléphone dans un tiroir et de poser ses coudes sur le bois. « Tu sais que s’il y a un problème, tu peux m’en parler. » Elle lui adressa un léger sourire pour appuyer ses dires tout en observant le regard de la blonde fuir le sien. Cela faisait un petit moment que Cora suspectait la blonde d’anorexie mais elle ne pouvait y faire grand-chose sans aveux complets. Elle détestait cela, la dictature de la mode d’aujourd’hui, ce besoin constant de paraitre bien sous tout rapport, sans un gramme de trop. Les ados d’aujourd’hui étaient dix fois plus fragiles qu’à son âge. Si elle-même avait flirté d’un peu trop près sur la ligne, c’était principalement pour le tennis, seulement pour le tennis. « Je sais. » Sa voix était fuyante tout autant que ses yeux. Cora se sentait désolée pour elle mais était surtout mue d’une certaine sensibilité à son égard. Elle n’avait pas besoin d’un psy pour savoir que c’était parce que Beth était elle aussi en âge d’avoir certains problèmes liés à sa ligne. « Tu es très jolie Amber. Les garçons de on âge sont des crétins et s’ils se moquent c’est principalement parce qu’ils sont stupides. Ne laisse pas gagner d’accord. » La blonde hocha la tête et Cora la renvoya en récréation. C’est en soupirant qu’elle attrapa son portable pour écrire à Beth. Etre adolescent aujourd’hui était un vrai calvaire.

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« Qu’est ce que tu fais ? » « Rien. » « T’as l’air coupable, montre. » « Arrête, rend moi mon… » « Un site de rencontre ? Vraiment ? » « C’est parce que je cherchais un homme en particulier tu vois et je me suis dit que. » « Halte là avec tes excuses pourries. » « … » « Vingt-sept ans ?! » « Ta gueule. » « Et, c’est pas une honte d’’avoir dépassé les 3. » « Ferme là. » « Mais sérieux, t’es encore super canon, t’as rien à envier aux starlettes de la télévision. » « Si tu la ferme pas je t’arrache les yeux et je t’en fais un ragout. » « Holà, on se calme madame la harpie. » « On touche pas à mon âge, tu le sais. » « Je le sais, je le sais. Voyons voir qu’est ce que tu as d’autre. Oh, tu es une amie des bêtes ? C’est marrant je me souviens d’une fois où t’as shooté dans Roméo, mon petit caniche juste parce qu’il s’était approché un peu trop près de ton … » « Roooh c’est bon, j’aime bien les animaux. » « Ah bon ? Lesquels ? » « Euh… J’aime bien les… Les coccinelles, j’aime bien les coccinelles. » « Oh dans ce cas, je m’incline devant tant de majesté ! » « Tsss… » « Tu l’as dit à Beth ? » « Euh… » « Ahah, tu rougis. » « Mais c’est juste pour voir et … » « Il faudrait vraiment que je t’apprenne à mentir. T’inquiètes, elle sera heureuse pour toi. » « Si je rencontre quelqu’un. » « QUAND tu rencontreras quelqu’un. Allez, aide moi, faut qu’on rende ça un peu plus sympathique ! »

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Cher journal, aujourd’hui, j’ai fais l’amour avec Francis. « QUOI ?! » Cora laissa échappé une exclamation avant d’immédiatement tourner la page en se mordillant la lèvre pour ne pas que cela se reproduise. C’était vraiment super, ça doit être son âge, c’est vrai qu’après trente ans d’expérience il doit être devenu super doué. « HEIN ?! » Autant dire que le mordillement de la lèvre ne fonctionnait pas vraiment. Il m’a dit que j’étais un peu vieille par rapport aux filles avec qui il couche d’habitude mais que j’étais particulièrement jolie. « Dieu du ciel. » Cora se laissa tomber sur le lit de sa fille, n’étant pas certaine que ses jambes la porteraient plus longtemps. Il a aussi dit que ce n’était pas la peine d’utiliser un préservatif, comme c’était la première fois ça ne risquait rien. « Salopard. » Je suis amoureuse, c’est sur. Il est vraiment génial, et c’est un copain de papa en plus. « MILO ! » Elle eut beau l’appeler, il ne pouvait bien évidemment pas l’entendre. Mais le mieux c’est que… Cora tourna la page et esquissa un sourire. Le jour où tu trouveras mon journal n’existe pas. C’est bien fait pour toi maman ! Secouant la tête, son cœur battant toujours la chamade, Cora attrapa son portable pour écrire à sa fille, elle allait le payer, c’était certain.

Superbe choix bienvenue

Alexis. bienvenue parmi nous