i can finally see that you're right there beside me (MARLEY)

Citation :: crusty reek, bombshell.
marley donwell and duncan windson

Duncan avait longuement retourné la question dans sa tête. Il redoutait de se retrouver face à face avec Marley, sentiment nouveau. Elle l'avait vu dans les pires instants, le sang couvrant sa peau, l'haleine empestant l'alcool, totalement incapable de prendre soin de sa propre personne. Aujourd'hui, il avait simplement peur d'assumer tout ce qu'il avait fait. Il s'était rendu chez son médecin tout les jours et avait finit par accepter le fait qu'il puisse avoir un soucis et une vie bien peu saine, mais la perspective de reprendre contact avec son ex lui semblait insurmontable. La dernière fois qu'il avait vu, il avait envoyer valser une canette de bière pleine qui avait laisser une grosse tache sur le sol, tache collante qu'il n'avait put se résoudre à nettoyer que plusieurs dizaines de jours plus tard. Elle lui avait annoncer sa grossesse et il avait nié une telle réalité. Il s'était montré violent envers elle, il avait hurlé. Bien souvent il l'avait repoussé, notamment quand il rentrait totalement en vrac à des heures impossibles et dans des états infernaux mais il n'avait jusque là jamais hurler ainsi. Cet excès de colère avait mit fin à tout. Puis doucement, la pente avait été remontée. Marley n'était cependant plus là pour le voir. Aujourd'hui cependant, l'occasion était bien là. Y aller, ne pas y aller. Duncan avait longuement penser qu'il serait peu être mieux de ne pas s'attarder sur cette relation passée, mais refusant de repartir dans un cercle vicieux, il décida qu'il était venu le moment de revoir la jeune femme. Il se doucha, s'habilla, tachant de retrouver l'allure présentable que Marley lui connaissait quand son père était encore en vie.

Enfin, il prit doucement le chemin jusqu'à chez elle. Il prit sa voiture, il avait en effet reprit l'habitude de conduire depuis quelques semaines, même si il n'avait guère était facile de faire flancher son médecin. Enfin, il se gara devant chez Marley. Il constata que cette situation était une telle source de frustration que sa main tremblait. Il la frotta énergiquement contre son jean puis quitta la cabine du véhicule pour aller se poster devant la porte. Il souffla puis frappa à la porte. Ses gestes étaient vifs mais au fond, il n'était guère sûr de lui. Son angoisse était grandissante. Il n'avait rien préparé, il ne savait guère vraiment quoi lui dire. Il aviserait se rassura t'il sans grande conviction. Il attendit quelques instants qui lui semblèrent bien trop longs puis son coeur se serra doucement quand il observa la poignée en train de tourner.

Citation :: your love is my turning page,
where only the sweetest words remain.
every kiss is a cursive line,
every touch is a redefining phrase.

Il était dix-neuf heures, et la journée commençait à se terminer lentement pour Marley, qui fermait sa petite boulangerie pour repartir à pied jusque chez elle. Travaillant et vivant dans le même quartier, il était facile pour la jolie brune de rentrer chez elle sans voiture. Mais en étant enceinte de huit mois, il était réellement difficile de tenir ce rythme. C'était Romane qui lui avait conseillée de marcher beaucoup, et Marley s'était donc finalement exécutée, maudissant à chaque pas sa meilleure amie et ses merveilleuses idées. Quel bonheur quand elle arriva enfin chez elle et qu'elle put s'allonger sur le canapé. C'était la dernière fois qu'elle allait travailler. Etant déjà arrivée à huit mois de grossesse, Marley avait le ventre si rond qu'elle avait même du mal à marcher bien droit. Se fut dans un geste presque systématique qu'elle attrapa la télécommande et qu'elle lança la première chaîne qui passait à la télé. Finalement, elle s'endormit devant une recette de cuisine et ce fut le tambourinement d'une porte qui la fit sursauter. Il était vingt heures et, quelque peu sonnée, Marley se demandait bien qui pouvait sonner chez elle à cette heure-ci. Elle n'attendait personne et avait cette manie de paniquer à l'idée qu'on puisse l’agresser chez elle. Comme une bonne froussarde, elle mit un certain temps à ouvrir la porte, un plaid posé sur ses frêles épaules.

Soudain, ce fut comme si on lui arrachait toutes ses côtes en même temps. Son coeur se mit à tambouriner si fort qu'elle mit quelques secondes à réagir. C'était lui. Il était là. Après plus de huit mois loin de l'objet de ses souffrances, Duncan était revenu. Avait-il envie de remuer le couteau dans la plaie ? Voulait-il réanimer la douleur si intense et atroce que cette séparation lui avait causée ? Il avait finalement réussi, bien qu'elle ravala ses larmes avec fierté. Son premier réflexe fut de se reculer d'un pas et de poser sa main droite contre son ventre. Lui voulait-il du mal ? Elle n'en savait trop rien. Mais ses jambes fléchirent lentement, tant la surprise était grandiose. Marley finit par s'appuyer contre le mur du couloir, dévisageant Duncan de haut en bas. Il était... bien. Du moins, il semblait l'être. A vrai dire, Marley ne savait pas quoi penser. Elle en avait tellement vu avec lui qu'un rien de sa part suffisait à l’apeurer. " Qu'est-ce que tu fiches ici, Duncan ? ". La certaine rancoeur dans le ton de sa voix s'était faite clairement ressentir, mais elle ne baissa pas les yeux pour autant. Elle lui résistait, à présent.

Duncan n'avait jamais eu la moindre difficulté pour s'exprimer. Qu'il aille bien ou mal, très bien ou encore très mal, il ne peinait pas à ouvrir la bouche et a déverser des torrents de parole qu'il regrettait ensuite et qui menait à la bagarre. Aujourd'hui cependant, il se retrouva à cours de mots. Il ne savait pas quoi dire. Un flot de souvenirs lui remonta vivement en mémoire quand il croisa le regard de Marley. Des souvenirs paisibles, remontant aux débuts de leur relation et des souvenirs bien plus douloureux. Durant les derniers mois ou il avait été en couple avec elle, elle avait passée son temps à le couver d'un regard mêlant compassion et inquiétude. Aujourd'hui son regard n'exprimait plus que de la peur. Dans un réflexe défensif, elle posa une main sur son ventre. Duncan baissa lentement les yeux sur ce dernier alors qu'elle prenait appui sur un mur. Il était bien rond, rien de plus normal, l'accouchement était pour bientôt. Il avait commencer à compter les mois depuis qu'il s'était doucement repris en main. Alors, elle le gardait. Duncan cessa de regarder le ventre arrondis, blessé d'avoir procréer dans l'état ou il se trouvait il y a des semaines. Il regrettait son emportement quand Marley l'avait mise au courant de sa grossesse, mais l'arrivée de ce bébé ne lui était pas plus agréable aujourd'hui. Il ne voulait pas que la chair de sa chair connaisse tout de la vie de son géniteur. Mais le choix ne lui appartenait pas, dans le fond il ne lui avait jamais appartenu.

Tu peux me claquer la porte au nez si tu le souhaites, Marley s'entendit t'il prononcer. Il avait cessé de chercher les mots parfaits, comprenant qu'il n'en trouverait aucun. Il ne s'attendait en rien à ce qu'elle l'excuse, il ne lui demandait rien du tout. Il avait été suffisamment égoïste envers elle pour toute une vie. D'ailleurs tu n'auras même pas à le faire, car je ne compte pas t'imposer ma présence bien longtemps, il inclina légèrement la tête tout en enfonçant ses mains rafraîchies par la nuit tombante dans les poches de son pantalon. Je ne suis pas venu pour te supplier de me pardonner tout ce que j'ai pu faire, je n'attends plus de rien de toi, tu m'as déjà suffisamment donné. Je voulais simplement que tu le saches il retira une de ses mains de sa poche et la fit courir le long de sa nuque, puis remonter dans ses boucles noires charbon. Je suis vraiment désolé, pour tout.

Pendant longtemps, Marley s'était imaginée toute sorte de choses à faire si, un jour, elle se retrouvait en face de lui. Elle s'était déjà vue croiser les bras, lui hurler dessus, l'insulter de tous les noms, lui dire de ne plus jamais revenir ici et de lui foutre la paix. Elle s'était imaginée forte et désormais totalement indépendante de lui, de l'attraction qu'il exerçait sur elle. Mais en réalité, rien de tout ça n'avait disparu. Dès qu'elle le vit, c'est comme si elle retrouvait le Duncan qu'elle avait connu au début de leur relation. Doux avec elle, souriant, respirant la joie de vivre et l'amour. Finalement, elle avait toujours cette fâcheuse manie de ne voir que le bien autour d'elle, cette fâcheuse manie de ne pas réussir à le voir comme celui qui rentrait chaque soir à des heures impossibles, qui la trompait sans remord et qui ne s'en rendait même pas compte. Elle essayait, pourtant, de ne voir que le mal. Mais le visage d'ange de Duncan lui rappelait à quel point il avait été merveilleux au début, il lui rappelait pourquoi elle était restée aussi longtemps avec lui, pourquoi elle l'avait tant aimé. Mais c'était du passé maintenant. La seule chose qu'ils partageaient ensembles à présent était leur bébé. Du moins, son bébé. Quand les yeux de Duncan se posèrent sur le ventre arrondi de la brune, elle eut comme le réflexe de surveiller chaque trait de son visage. Il n'était pas très expressif, comme toujours, mais elle put déceler en lui qu'il ne semblait pas plus émerveillé que ça. Le couteau remua alors lentement dans la plaie.

" Tu peux me claquer la porte au nez si tu le souhaites, Marley. " Elle leva les yeux au ciel. La connaissait-il assez bien pour savoir qu'elle en était totalement incapable ? Et Dieu seul sait combien elle aurait aimé en avoir la force ! Elle resta là, à l'écouter silencieusement, la main toujours posée sur son ventre rond. " Je ne suis pas venu pour te supplier de me pardonner tout ce que j'ai pu faire, je n'attends plus de rien de toi, tu m'as déjà suffisamment donné. Je voulais simplement que tu le saches. Je suis vraiment désolé, pour tout. " Elle inclina alors lentement la tête vers le bas, les yeux rivés vers le sol, tandis qu'elle sentait, incroyable impression, que son coeur se recollait doucement. Des excuses, elle en avait tant attendu. Il avait fallu qu'il la retrouve, huit mois plus tard, enceinte et prête à l'oublier, pour qu'elle les entende. Marley finit par redresser son joli visage, elle déposa ses yeux dans ceux du jeune homme toujours debout au seuil de sa porte. " Si tu savais depuis combien de temps je les attendais... " avait-elle dit dans un murmure à peine audible. Elle sentait son bébé bouger, ce qui lui provoqua quelques douleurs pourtant incomparables à celles que Duncan avait pu lui faire subir. " Tu as changé, Duncan... Tu.. Tu vas bien ? " Forcément, elle s'inquiétait plus pour lui que pour elle. Avait-il finalement consulté un médecin ? Avait-il renoncé à l'alcool, à la cigarette, à la drogue, à tout ce cercle vicieux ?

Bien qu'il tâchait d'adopter son ton de voix habituel, celui ci ne raisonnait guère exactement comme Duncan l'aurait voulu. Il ne parlait pas d'une voix agressive, celle avec qui il avait prit l'habitude de s'adresser à Marley. Sa voix était plus proche de celle avec laquelle il s'adressait à elle de façon plus douce et courtoise, quand il avait encore un père. Mais il y avait quelque chose de plus. Comme si les mots lui coûtaient. Car cette conversation, cette simplement présence sous ce perron, lui demandait du courage qu'il ne pensait plus pouvoir puiser en lui depuis des semaines. Tout demeurait douloureux dans le fait de se tenir ainsi devant Marley et pourtant on l'avait encouragé à se mettre dans cette situation délicate. C'était le seul moyen d'avancer, du moins cela avait été les mots de son entourage. Une partie en Duncan fut rassuré que Marley ne s'emporte pas comme lui l'avait fait. Elle avait toujours été plus mature que lui, du moins cela n'avait pas été bien difficile dernièrement. Duncan haussa légèrement les épaules. Oui, enfin je le pense répondit t'il, légèrement mit mal à l'aise par la perspective de devoir lui relater sa vie depuis son départ. Cependant, le moment était venu. Il ouvrit la bouche et se mit à parler, résolu à ne s'arrêter que quand tout serait sortit. Peu de temps après, tu sais, ton départ (il se racla légèrement la gorge, honteux à l'évocation de ce souvenir) la soeur de ma mère est arrivée chez moi, mon état l'a alarmé et elle m'a obligé à prendre contact avec un médecin. J'y étais très réfractaire puis petit à petit, y aller est devenu.. Plus simple. Duncan se remémora tout. La visite de sa tante, qui lui rappela immédiatement sa défunte mère et qui le poussa à consulter en lui parlant de sa mère et du fait qu'elle aurait détestée le voir ainsi. Elle était restée avec lui plusieurs jours, reprenant le rôle de mère là ou sa soeur avait dut brusquement le cesser. Puis elle était partie, quand elle l'avait estimée sur la bonne voie. J'ai arrêté tout ces trucs, je mentirais en te disant que je ne me réveille pas la nuit avec l'envie de recommencer, mais disons que, j'arrive à me raisonner. Il tâchait de faire preuve d'honnêteté. Bien sûr rien n'avait disparu. Il aurait aimé le prétendre, mais il n'avait pas fait tout ça pour finir par mentir sur sa santé. La nuit dernière encore, il s'était réveillé de son sommeil agité. Les couvertures qui couvraient son corps l'étouffaient et il dut les repousser d'un geste brusque, ruisselant de sueur. Des dizaines de choses lui venait à l'esprit. Finalement, il parvint à se r'endormir, le point fermement serré sur un vieux foulard de sa mère, récupéré dans la maison de son enfance quelques années après la mort de cette dernière. Il n'était pas vraiment beau, il était vieux et avait perdu de sa douceur, mais le simple contact du tissu sur sa peau lui semblait demeurer un étroit lien entre lui et sa mère. Cette perspective le rassurait toujours.

Marley avait toujours eu conscience que ce qu'elle faisait était bien. Elle n'avait jamais douté du fait qu'elle faisait une erreur envers lui quand elle le soutenait. Elle savait pertinemment qu'en l'épaulant comme elle l'avait fait durant un an, il trouvait un certain réconfort, un certain appui pour tenir le coup. Oui, elle avait finalement bien agi en restant auprès de lui après la mort de son père. Mais il n'y avait rien de bon pour elle. Tout était pour lui. Marley s'était simplement contentée de souffrir, de pleurer et d'être totalement à bout de nerfs en silence. Durant tout un an, elle n'avait jamais pensé à elle. Tout ce qu'elle faisait était pour lui. Ses faits et gestes, ses paroles et ses pensées, ne tournaient que par lui. Il était son monde, son attraction gravitationnelle, et prendre son envol fut la chose la plus dure qui lui était possible de faire. Mais elle y était arrivée. Avec beaucoup de mal, mais elle avait finit par quitter Jacksonville, par s'installer à San Francisco et par ne plus penser à lui. Et le voilà, sous le perron de sa maison, s'excusant pour ce qu'il avait pu lui faire vivre.

" Oui, enfin je le pense. " Il était mal à l'aise. Marley le connaissait par coeur, elle savait quand il voulait dire quelque chose, quand il ne voulait pas parler. Quand il était vraiment désolé et quand il ne l'était pas. Elle se tut alors, sentant qu'il allait continuer à lui parler. Ce fut alors dans un geste presque automatique que Marley le gratifia d'un mince sourire d'encouragement. Comme un 'vas-y, tu peux le faire'. " Peu de temps après, tu sais, ton départ, la soeur de ma mère est arrivée chez moi, mon état l'a alarmé et elle m'a obligé à prendre contact avec un médecin. J'y étais très réfractaire puis petit à petit, y aller est devenu.. Plus simple. " La brunette baissa les yeux, ses cheveux tombant délicatement sur son visage d'ange. Elle semblait presque victorieuse, comme si son départ avait pu servir à quelque chose pour Duncan. Comme si elle avait une nouvelle fois bien agi. A présent, Marley n'éprouvait aucune peur. " J'ai arrêté tout ces trucs, je mentirais en te disant que je ne me réveille pas la nuit avec l'envie de recommencer, mais disons que, j'arrive à me raisonner. " Elle hocha finalement de la tête, puis poussa lentement la porte pour se décaler. " Tu peux entrer, si tu veux... " Elle ignorait s'il ne venait ici que pour soulager sa conscience ou s'il avait réellement envie de discuter avec elle, mais la rancoeur de Marley s'était soudainement réduite et elle espérait secrètement qu'il veuille rentrer. " Je suis heureuse d'entendre que tu vas mieux... Je... Je me suis fais du soucis pour toi. " déglutissait-elle, presque honteuse de l'avouer. En réalité, elle n'avait pensé qu'à lui durant ces huit mois, se demandant où il pouvait en être dans son addiction pour l'alcool. " Ils seraient très fiers de toi. " Elle planta ses yeux brillants de naïveté dans les siens.

Il avait honte de beaucoup de choses. C'était en partie pour cela qu'il peinait à regarder Marley dans les yeux : affronter son regard signifiait se voir en elle, avoir une vague perception de ce qu'elle pouvait bien penser de lui aujourd'hui. Elle avait été claire lors de leur dernière conversation : il n'était qu'un monstre, incapable de ressentir un autre sentiment que de la colère en apprenant qu'elle attendait un bébé de lui. Le coeur serré, il raconta les grandes lignes de son histoire depuis leur dispute et séparation. Il parla de sa tente et de ses rendez-vous chez le médecin, des efforts qu'il avait fait jusque là et qu'il tâchait de poursuivre. Une fois arrêté, il ne se sentit plus le courage de reprendre la parole et commença a avoir le regard fuyant. Marley s'écarta dans l'entrebâillement de la porte et l'invita à entrer. Duncan hésita quelques instants. Il n'était pas le moins du monde désireux de lui imposer sa présence. A vrais dire, il ne voulait plus lui imposer quoi que ce soit, être un poids pour elle. Tu est sûre ? Ne put t'il s'empêcher de demander, si je te dérange je peux... Il s'interrompit. Quelque chose dans les yeux de Marley le rassura et termina de le convaincre qu'il ne s'imposait pas. Son ventre se noua quand elle reprit la parole. Il fronça légèrement les sourcils, touché mais légèrement perplexe. Tu n'aurais pas dut, vraiment, j'ai déjà été une trop grosse source d'inquiétude pour toi ajouta t'il d'un ton plutôt penaud. Il le pensait. De toute évidence, il ne méritait pas une fille comme Marley. Il ne culpabilisait pas seulement pour la soirée ou elle lui avait annoncer sa grossesse. Non. Il culpabilisait d'être rentré si tard chaque soir pendant qu'elle se faisait soucis, d'avoir empiéter sur son temps, de l'avoir forcé à mettre sa vie entre parenthèses pour s'occuper de la sienne comme si il était davantage son enfant que son petit copain. Puis, Marley fit un commentaire qui laissa cette fois-ci le jeune homme totalement perplexe. Il eu un petit temps de réaction puis ne put s'empêcher d'esquisser un petit sourire triste et teinté d'ironie. Non, je ne pense pas contra t'il. Je ne pense pas avoir été une source de fierté pour qui que ce soit depuis le décès de mon père comme toujours quand il abordait cette période de sa vie, son regard bleu se voila. Plus que jamais, alors qu'il tâchait de reprendre sa vie en main, la présence de ses parents lui manquaient. Sa mère était partie bien trop tôt et si il avait longtemps regretté de ne pas avoir de maman a de nombreux moments dans sa vie, son père avait toujours été un soutien considérable. La perte de ce dernier en revanche avait propulser Duncan dans le vide. Si bien qu'il n'avait pas perçu le nouveau soutien apporté par Marley, soutien qu'il avait fini par perdre aussi, avec tout. Duncan sentait la tristesse le submerger et tâcha de le masquer, sans succès car il put sentir rapidement une larme roulée sur sa joue. Dans un réflexe de fierté il bascula la tête en avant pour la dissimuler à la vue de Marley. Elle l'avait vu dans des états bien pire et pourtant il lui était toujours délicat de pleurer devant elle, devant n'importe quelle personne a vrais dire.

" Tu est sûre ? Si je te dérange je peux... " Il s'était interrompu net quand il croisa les yeux de Marley. Visiblement, elle n'avait jamais pu cacher ses émotions. Voyait-il la lueur dans ses yeux qui ne faisait que s’accroître au fil des mots prononcés par Duncan de sa voix douce et masculine qu'elle avait tant aimée ? Voyait-il à quel point elle l'aimait encore, à quel point elle n'avait toujours vécu que dans ses yeux ? C'était inévitable, et bien qu'elle refusait de l'admettre, Marley Donwell était toujours irrévocablement amoureuse de Duncan Windson. Elle l'avait finalement toujours aimé, toujours adoré, elle l'avait toujours regardé de ses yeux brillants pleine de naïveté et d'admiration. Il avait toujours été celui qui lui donnait le goût de vivre, d'aimer et de grandir. Au fin fond de son petit coeur tendre, elle le savait: Duncan était l'homme de sa vie. Et vivre sans l'homme de sa vie était comme vivre à moitié. C'est ce qu'elle faisait depuis huit mois. Ou peut-être même depuis la mort de son père. Malgré tout, Marley ne cessait de se convaincre d'une seule chose: Duncan n'était pas quelqu'un de bien pour elle. Elle était bien trop fleur bleue, bien trop attentive pour qu'on ne lui retourne pas l'amour qu'elle offre sans limite.

Il finit par entrer, et le mince sourire de Marley disparut aussitôt, se maudissant elle-même d'avoir ouvert cette porte qui signifiait, pour elle, comme un 'vas-y, tu peux re-entrer dans ma vie'. " Tu n'aurais pas dut, vraiment, j'ai déjà été une trop grosse source d'inquiétude pour toi. " Elle baissa les yeux instinctivement, tant se remémorer les souvenirs de l'année passée à ses côtés était dure pour elle. Se faire humilier, tromper, et repousser avait été tout simplement terrible pour Marley. Et pourtant, elle était prête, si peu rancunière qu'elle était, à écouter Duncan, à le faire entrer dans sa vie à nouveau. Sa raison hurlait de le foutre dehors, son coeur se défendait de l'écouter. Et Marley Donwell avait cette qualité qui ressemblait finalement plus à un défaut: elle n'avait toujours écouter que son coeur. " Je ne le fais pas exprès, c'est comme ça. " Elle se mit à soupirer, s’avançant lentement vers la cuisine où elle désigna une chaise où Duncan pouvait s’asseoir. Marley attrapa deux tasses et les déposa sur la table, servant par la même occasion le café encore brûlant qu'elle s'était préparée avant la visite surprise de Duncan. " Non, je ne pense pas. Je ne pense pas avoir été une source de fierté pour qui que ce soit depuis le décès de mon père. " " Pas pendant cette année-là. Je parle de quand je suis... partie. " s'empressa-t-elle de répondre, la voix doucement tremblante, comme si le café lui avait brûlé la gorge.
Durant quelques secondes, l'attention de Marley se tourna vers son bébé. Il bougeait sans cesse, et bien qu'elle était habituée à ces douleurs, le sentir bouger autant lui donnait le vertige. Elle grimaça et déposa sa main sur son ventre. " Doucement ma jolie... " murmurait-elle avec douceur, presque absorbée par la contemplation de son ventre rond, les yeux brillants de douceur.

Duncan accepta d'entrer après quelques instants d'hésitation. Il le regretta vite, ne se sentant guère à son aise dans la maison mais tâcha de masquer au moins cette impression. Il n'avait pas rétorqué de façon à lui formuler un reproche. Il se reprochait plus de chose qu'il ne lui en reprochait à elle. A vrais dire, il ne lui reprochait rien, il ne pouvait rien formuler contre elle. Elle répondit qu'elle ne choisissait pas ce sentiment et qu'il s'imposait à elle. Puis elle poussa un soupire, comme si l'idée même la fatiguait. A défaut de ne savoir quoi dire, Duncan ne répondit rien. Du regard elle désigna une chaise ou il s'installa en silence, tout en observant la pièce d'un rapide coup d'oeil. Merci dit t'il alors qu'elle lui servait un café. Il y trempa à peine ses lèvres puis reposa la tasse sur la table. Non, Duncan ne pensait pas du tout que ces parents auraient été fiers de lui. Il secoua doucement la tête. Peu être, enfin non il s'interrompit puis poussa à son tour soupire. Je ne le saurais jamais de toute façon, donc ça n'a pas vraiment d'importance il haussa les épaules, résolu. Même si il avait assimilé l'idée d'être seul désormais, il ne pouvait s'empêcher de penser à combien une simple discussion avec son père aurait put tout changer. Il aurait donner n'importe quoi pour revivre un de ces brefs échanges qu'ils avaient tout deux au petit déjeuner avant qu'ils partent tout deux, entamant leurs journées respectives. Ses derniers souvenirs avec elle remontant à quand il avait trois ans, il ne se souvenait pas vraiment de ce que sa mère disait pour le rassurer, mais il était sûr que sa voix l'aurait apaiser. Mais qu'importe, il n'était pas utile de penser à tout ce qu'il n'avait plus et n'aurait plus jamais. En se perdant dans ses pensées, Duncan s'était mit à taper très doucement sur la table du bout de ses doigts. Le constatant, il se stoppa net dans ce geste et laissa retomber sa main sur son pantalon. Il leva les yeux pour constater que Marley avait elle aussi l'esprit ailleurs. Elle touchait son ventre arrondi. Le coeur de Duncan se serra à cette vue. Elle parlait d'un ton si doux... Duncan en était tout bonnement incapable. Il n'aurait pas dut ressentir cela, il en était bien conscient, mais ce bébé, cette naissance... L'idée même que ce bébé vienne au monde le paralysait. Il se racla légèrement la gorge. C'est pour bientôt, maintenant dit-il d'un ton neutre. Il ne s'agissait pas d'une question. D'une affirmation simplement. Son regard resta durant quelques instants fixés sur le ventre de Marley, puis il sentit celui de cette dernière se poser sur lui et il baissa le regard pour se lancer à la place dans la contemplation de sa tasse de café.

" Je ne le saurais jamais de toute façon, donc ça n'a pas vraiment d'importance. " Les yeux rivés sur les doigts de Duncan qui tapait nerveusement sur la table, Marley savait qu'elle n'aurait jamais dû aborder ce sujet bien trop pointilleux. Elle qui n'avait jamais été réellement proche de ses parents comme avait pu l'être Duncan, pouvait pourtant imaginer à quel point la douleur pouvait être forte. Elle le savait parce qu'après avoir passé un an auprès de lui, elle avait comme ressenti cette douleur au plus profond d'elle-même, et bien qu'elle ne l'avait jamais montrée, Marley avait souffert de la mort de Mr Windson. Il avait toujours été un brave homme, se démenant pour son fils à qui il tenait comme à la prunelle de ses yeux.
Quand son bébé bougea dans son ventre, qu'elle grimaça et qu'elle lui murmura quelques mots doux de sa voix mielleuse et presque enfantine, Duncan ne bougea pas. " C'est pour bientôt, maintenant. " Aussitôt, Marley leva les yeux vers le jeune homme. Elle lui adressa un mince sourire, tandis que ses yeux trahissaient son excitation et son appréhension. " C'est prévu pour dans une semaine et demi, voir deux semaines. " Elle avait parlé si vite, comme si elle parlait à un vieil ami qui lui rendait visite. Elle finit par baisser les yeux. Finalement, Marley n'avait plus jamais espéré quelque chose venant de Duncan. Pour elle, il n'était que le père de son enfant, rien de plus. Elle s'était faite une raison: s'il ne voulait pas de cet enfant, elle l’élèverait seule. Elle en était capable, c'était certain. " C'est une petite fille. Hazel. " enchaîna-t-elle d'une voix tremblante mais fière. Si elle désirait son avis, elle n'allait sûrement pas lui demander. Duncan en avait sûrement rien à faire. Il ne voudrait sûrement pas aborder ce sujet en profondeur. Trop périlleux, peut-être.

Ils allaient de sujets difficiles en sujets difficiles. C'était sans doute pour cela que Duncan avait tant redouter cette conversation : les sujets douloureux ne pouvaient que se succéder durant une conversation avec Marley. Parler de ses parents était douloureux. Durant un an, il avait but, fumé, fait n'importe quoi afin d'enterrer en lui toute cette douleur due à la perte des géniteurs. En parler faisait remonter par vague en lui toute cette souffrance et tant de douleur d'un seul coup lui laisser un goût amer dans la bouche. Il se sentait toujours prêt à fondre en larmes comme un gamin et il aurait trouver ce genre de choses venant de lui très humiliant. Il n'avait jamais aimé pleurer en public, et ce n'était pas vraiment différent avec les gens qui le connaissait bien. Il n'avait plus beaucoup de secret pour Marley, mais il se refusait à se mettre pleurer. Pas maintenant. De ce sujet extrêmement délicat pour lui, ils passèrent au bébé qui grandissait dans le ventre de Marley. Duncan déposa ces yeux sur le ventre arrondis tout en tâchant de se faire à l'idée que, si sa présence n'était pas désirée par lui même, cet enfant était un peu le sien. Dans quelques jours, il serait père et même si il ne comptait pas assumer ce rôle, la perspective de cet enfant, grandissant auprès de Marley, lui laissait un trou béant dans le coeur. Il ne ressentait plus vraiment de la colère à l'idée de cet enfant. A vrais dire, il ne savait pas ce qu'il ressentait. Marley l'informa qu'elle accoucherait bientôt, qu'il ne s'agissait plus que d'une question de jours. Duncan se mordilla la lèvre, ne sachant trop que dire ou que faire. Puis, elle reprit la parole pour lui faire part du sexe du bébé et du prénom choisit. Duncan resta quelques instants silencieux, les mots coincés dans sa gorge, puis il se décrispa et répondit. C'est un joli prénom dit t'il. A peine les mots eurent t'ils passés la frontière de ses lèvres qu'il aurait adoré pouvoir les rattraper. Il s'agissait d'une réponse bien peu satisfaisante, mais il ne savait guère quoi dire d'autre. Il avait eu le regard fuyant mais ne put s'empêcher de le reporter à nouveau sur le ventre rond de Marley. Une petite fille. Sa bouche s'entrouvrit pour dire quelque chose mais il la referma. Il resta ainsi, durant quelques instants, puis doucement il leva les yeux jusqu'à ce qu'ils vinrent se déposer sur le visage de Marley. Tu vas être une maman formidable. Dit t'il d'un ton vrais, sincère. Il n'avait pas prémédité cette réponse, elle s'était imposée à lui. Il le pensait vraiment, après tout, elle s'était occupée de lui alors qu'il rentrait tout les soirs dans des états lamentables. Elle ne pouvait être que formidable dans le rôle d'une mère sauf que cette fois-ci, elle n'allait pas prendre soin d'un adulte détruit par la mort de son père, mais de leur bébé. Enfin, du sien.