i wanna be drunk when i wake up, on the right side of the wrong bed.

Je me laisse retomber sur le lit, essayant de retrouver une respiration plus calme. La main de Myriam glisse sur mon torse nu, main sur je rejette doucement en me redressant pour attraper mon paquet ce clope sur la table de chevet. Je déloge rapidement deux marlboro, en tend une à la rouquine qui l'accepte avec un léger sourire, se redressant à son tour en ramenant les draps vers sa poitrine. Briquet, clope embrasée, fumée noircissant les poumons, je recrache une volute de fumée grisâtre. Myriam, la nouvelle voisine, la nana qui avait emménagé juste en face de mon appartement. Une jolie prise. Jolies formes, crinière un peu trop flamboyante sûrement, mais des yeux à tomber. Pas trop chiante qui plus est, jolie prise oui. La porte d'entrée grince comme à son habitude, et encore une fois, je me dis qu'il faudrait la changer. Bruits de pas dans le salon, une veste que l'on balance négligemment sur une table, un sac balancé dans un coin et dont on s'occupera plus tard, et enfin, l'appel. Le nom balancé sur le ton de l'habitude, Evan. Myriam tourne le visage, fronce les sourcils, pince les lèvres en articulant un quoi muet. Connasse, tu sais très bien qui habite ici, même après quelques semaines seulement. L'appel est répété, l'appel est maintenant plus proche. Sarah entre finalement dans la chambre et les choses s'arrêtent. Il n'y a plus de son, il n'y a plus d'émotions l'espace de quelques secondes, quand l'habitude se trouve brisée, quand le passé se trouve bousculé. Remise à zéro, une grande claque qui paralyse les cœurs pour une fraction de seconde. Et la réalité revient, brusque. La prise de conscience est comme un raz de marée, on se trouve pris dans le maelström d'émotions. Myriam laisse échapper un léger gémissement, faussement outrée, cherchant d'une main frénétique ses sous vêtements. Sarah, elle, éclate d'un rire de dégout, d'un rire sans appel. Le rire qui glace. Pas un seul mot, ses yeux se tournent, ses pas font le chemin inverse. Comme ça. Aussi simple que ça.




and of all these things i've done, i think i love you better now.

« T'as toujours été un imbécile Evan » Je tourne les yeux vers Bailee, arque un sourcil. « Et toi d'un tact terrible soeurette. » La brunette attrape un des t shirt balancé au hasard par terre, me le tend pour que j'y jette un coup d'œil, désigne une des deux piles pour le balancer. « Tu sais que je vois clair dans ton jeu. J'ai eu toute une enfance pour t'observer. » La remarque déclenche un léger rire, et je retourne à mon propre tri, la laissant prendre sa pose de grande psychologue comme elle avait toujours fait. Cette pose ridicule, un poing sur la hanche, à se mordiller la lèvre dans un air faussement sévère. J'attends l'ouragan, les remarques souvent infondées qu'elle balançait au hasard comme si elle voyait clair en tout ce qui l'entourait. Bailee est tout sauf une fine analyste. Mais sa présence me détend. Sarah n'était pas revenue à l'appartement depuis l'incident, il y a maintenant un bon mois. Elle avait chargé un de nos amis commun de récupérer quelques unes de ses affaires avant de venir prendre le plus important. Après quatre mois de vie partagée, elle avait entreposé une tonne de souvenirs. Chaque pièce était chargée de sa présence, et le vide s'imposait, plus grand encore qu'une disparition totale. Le vide de sa présence. « Elle te manque. » « Absolument pas. » Je balance un de ses stupides bibelot dans la pile consacrée à Sarah, fronce les sourcils. Bailee va devenir chiante sous peu. « C'est plus simple d'être le grand connard de l'histoire hein ? Plus simple de voir Sarah dégager de ta vie, plutôt que de la voir s'installer définitivement. » Et pour une fois, Bailee était dans le vrai. La panique était montée rapidement, une bouffée d'angoisse plus les jours passaient. Sarah entrait concrètement dans ma vie, de simple flirt, elle en était venue à emménager dans mon appartement, et le lien purement physique se muait en un attachement beaucoup trop fort pour être acceptable. Je ne pouvais pas être amoureux, la vie telle que je l'avais imaginée ne ressemblait pas à ça. Je passais à côté de cette jeunesse sur le déclin mais encore présente. Aimer, être en couple stable semblait mettre une fin à tout cela, semblait signifier gravir une nouvelle étape, passer dans une sphère plus sérieuse, plus adulte. Mieux valait couper net dans ces cas là. Plus facile à dire qu'à faire, Sarah me manquait, tous les jours. « Avoue le, au moins, que tu l'aimes. » « Ce n'est pas aussi simple. »