Citation :

« Si tu as un rêve, tu dois le protéger. Tu verras que les gens incapables d’y arriver feront tout pour te décourager. Si tu veux vraiment quelque chose, t’as qu’à te battre, point-barre. »

♢ zelda w/ edwin
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Une conférence dans une université inconnue de San Francisco. Je n'avais jamais entendu parler de cet établissement, on ne m'en avait jamais vanté les qualités et jusqu'alors, je n'y avais jamais foutu les pieds. Pourtant, mon altruisme avait été tel que j'avais répondu aux supplications de mon 'boss' qui n'avait de ça que le nom. 'Je t'en supplie Edwin, t'es le seul à avoir cette tchatch, et tous les autres ont dit non. Allez, s'il te plait, j'te payerai le double au prochain shooting.' Altruisme oblige, je n'allais pas le laisser dans la merde ! Et voici comment je me rendais, au volant de ma porsche rouge flambant neuve, à l'université de Californie. Le sourire aux lèvres, je n'appréhendais pas le moins du monde cet exercice auquel j'allais m'adonnais. C'était un défi que je relevais la tête haute, dénué de la moindre peur factice, dénué de la moindre sensation de stress. J'allais m'adresser à des jeunes gens probablement intéressés, et je ne rêvais qu'au cheeseburger que je pourrais déguster en sortant. Ainsi qu'aux jolies demoiselles que je rencontrerais peut-être ici.. Mon intérêt pour cette conférence n'était que très limité, je dois l'admettre. Enfin, on se fichait pas mal de mon désir de la faire, et à peine arrivé, on m'entourait de trop d'attentions, de trop de conseils, de trop d'ordres, même. Des trucs comme 'n'oubliez pas de regarder tout le monde, pas seulement une personne' ou 'pas de vulgarité s'il vous plait, nous sommes dans une université réputée.' Et puis quoi encore ? Qui était le professionnel, dans toute cette histoire ? Qui avait été mandé à force de maints supplications ? Certainement pas eux, et je ressortais de cette salle avec l'ignoble impression d'avoir été noyé sous une tonne d'informations arbitraires et inutiles. Je savais ce que j'avais à faire, et je remplirais ma mission à bien, comme d'habitude. Aucun doute à ce sujet.

La conférence dura une heure. Une heure d'un discours creux où l'on m'interdisait de parler de mon véritable métier, celui qui se passait derrière les clichés et les photographes, celui qui se cachait sombrement dans les rideaux d'un théâtre sordide. Obligé de passer sous silence ce qui, j'en étais persuadé, aurait véritablement intéressé les élèves. Oh, ils avaient écouté ce que je leur avais déblatéré pendant une heure, et si j'en avais l'occasion, je les en aurait remercié. Moi même, il m'arrivait de décrocher devant mon propre discours. Pitoyable. Tant de censure.. Il m'avait été demandé d'attendre là, telle une lavette, les questions des quelques intéressés. Certes, j'attendrais encore pour mon cheeseburger. Il n'y en a qu'une qui se précipita vers moi, jolie fille aux cheveux bruns, au regard profond et aux joues empourprées d'un rose seyant. C'est d'un sourire curieux que je l'accueillis, cette grande timide qui ouvrit enfin la bouche pour une question qui ne put que ravir mes oreilles et mon esprit. Enfin, je vais pouvoir véritablement parler, en omettant les dialogues creux et superficiels de ce discours. Pourtant, alors que je m'apprêtais à l'assommer d'informations sur l'envers du merveilleux décors photoshopé, ce fut autre chose qui interpella mon regard. Elle était jolie, mignonne, bourrée de qualités incontestables, je n'en doutais pas. Pourtant, la teinte rosée qu'avait pris ses joues témoignait d'une réelle difficulté à prendre la parole, en publique ou non, avec un inconnu ou un ami. Une difficulté que je ne comprenais pas, dans toute ma naïveté d'homme charismatique et social. « Non, tu ne me déranges pas, et inutile de t'excuser. Eh, je n'ai que vingt-quatre ans, t'es pas obligée de me vouvoyer hein. D'ailleurs, je t'ordonne d'arrêter, c'est agaçant. » Un sourire franchement amusé se dessina sur mon visage, que je souhaitais le plus convivial possible. Je désirais simplement la mettre en confiance, lui permettre de poser ses véritables questions sans s'embarrasser d'états-d'âme. « L'envers du décor, quand on parle d'un mannequin, c'est plutôt vaste tu sais.. Qu'est-ce que tu veux savoir en particulier ? Si c'est dur, si on bosse beaucoup, si on a encore le temps de s'éclater, si ils sont tous aussi sexys que moi ? » J'agrémentais cette tentative d'humour par un clin d'oeil amusé, avant de lui prendre le bras pour lui permettre de s'installer sur le siège en face du mien. Il n'y avait pas foule, et de toutes les manières, parler à une seule des élèves me paraissait bien plus pertinent. Je n'avais nullement besoin d'effleurer toutes les autres, celle-ci semblait bien plus passionnante. .