SPREAD YOUR WINGS MY LITTLE BUTTERFLY †
Les cours de droit, ce que ça pouvait être chiant parfois, surtout qu’aujourd’hui, le sujet ne m’intéressait pas du tout. Lorsque le professeur annonça que le cours était enfin terminé, j’étais soulagée. J’allais enfin pouvoir faire quelque chose d’autres de ma journée. Sourire aux lèvres, j’attrapai mon sac et sorti rapidement de l’amphithéâtre. Le mystérieux garçon avec qui je discutais sur internet depuis quelque temps m’avait enfin répondu. Jamais je n’aurais cru rencontrer quelqu’un d’intéressant sur ce site web, j’en devenais presque accro même. Je devais rejoindre Prudence au Starbuck près de l’université, pour discuter un peu. Ça faisait un petit moment déjà que je ne l’avais pas vu et elle me manquait. J’avais envie de lui raconter ce qui se passait sur ce site web, avec Adam… Bref, lui demander des conseils généraux sur ma vie quoi. Elle était comme la grande sœur que je n’avais jamais pu avoir, et elle remplissait ce «rôle» à merveille. J’arrivai assez rapidement au Starbuck, toujours avec ce sourire un peu stupide aux lèvres. Pour une fois que mes études de droit ne me prenait pas la tête, j’avais pratiquement l’air d’une enfant venant de recevoir une Barbie pour la première fois. Je commandai la même chose qu’à l’habitude et j’allai prendre place à une table avec mon verre. Fallais que je me ressaisisse quoi, au moins arrêter d’avoir ce sourire niais étamper dans mon visage. Et hop, un nouveau message. Au moins je ne gloussais pas encore comme une adolescente qui vit son premier amour, ce serait l’enfer. Je détournai mon regard vers la porte d’entrée pour voir si Prudence était arrivée, et non. Elle allait être en retard probablement. C'était chacun notre tour, la dernière fois, c'était moi. On se ressemblait beaucoup trop elle et moi, c'était un peu traumatisant parfois.

Citation :

« Tu ne trouves pas que ça fait un peu pervers comme tenue ? » Prudence se retourna vers sa collègue et l’observa tout en finissant de boutonner son chemisier. Aujourd’hui, au centre commercial et pour une semaine, il y avait une énorme promotion sur les produits scolaires et il y avait deux stands de fournitures installés aux entrées nord et sud du magasin. A elle d’attirer les clients et de leur vendre de magnifiques stylos qui se rechargent en quelques secondes, faisant gagner de précieuses minutes à leurs rejetons pendant les contrôles ou encore les protège-cahiers pour sauver les arbres ou le mieux du mieux : un cartable révolutionnaire qui même chargé à bloc empêche les gamins d’avoir des scolioses dû à un ingénieux agencement à l’intérieur. Pour bien faire, on leur avait donné une tenue d’écolière tirée d’un lycée privée. « Tu sais que si tu t’obstines à garder ses tresses, on pensera que tu aimes t’attarder à la fin des cours avec le professeur. » Sa collègue rougit et Prudence s’en amusa tout en s’observant dans le miroir. Chemisier blanc, jupe plissée, chaussettes montantes et bien sûr pour Prudence, des chaussures à talon. « Allez c’est seulement pour six heures, tu devrais survivre et il faut attirer les clients de toute façon. » Six heures d’affilée à marcher sur des talons et à sourire et à répondre à des questions totalement idiotes (« on m’a dit que les génies écrivaient en noir c’est vrai ? » ou « à votre avis en cours de littérature on écrit beaucoup je prends un gros cahier ou un petit ? ») n’était pas un défi avant. Maintenant qu’elle était enceinte c’était une autre histoire. Quand sa relève vint la remplacer, Prue fonça au fast-food à deux magasins d’elle pour se jeter sur les frites et les hamburgers. Elle mourait de faim et avait envie de tout. Néanmoins, trois cônes de frites plus tard, son estomac protesta violemment et elle finit la tête dans les toilettes en se maudissant elle, Andreas, le bébé et la personne qui avait déclaré que c’était aux femmes de porter les gosses et subir tout ça. Ce n’est qu’en consultant ses messages qu’elle réalisa qu’elle devait retrouver Eleanor au Starbucks. Le temps de prendre le bus, elle arriva en retard évidemment. Mais bon, c’était courant chez elle et elle savait que l’étudiante n’en tiendrait pas compte. Elle arriva comme une furie dans le magasin et se laissa tomber sur la chaise en face de son amie. « Le droit est tellement ennuyeux que tu es en avance aujourd’hui ? Tu vas bien ? »